Mission en cours

Ah c'est malin. Bon, bien sur que je m'en doutais. Il n'allait pas y avoir une grande croix rouge pour marquer l'emplacement de la cachette. Aparemment, personne ne se soucie plus du livre des limbes depuis longtemps, ou tous les magiciens ont été découragés de ne rien trouver nulle part à ce sujet.

Faut dire que sur ce coup, mon jeune maître a fait preuve d'intelligence : je suis vingt fois plus rapide qu'un troupeau de magiciens pour trouver une information. Bref. Qu'est-ce qui me fait dire que personne ne s'y intéresse ? Ben tout simplement qu'il n'y a personne dans les parages. Alors que l'endroit de la cache est clairement précisé dans "Anthologie des mages de la grande Egypte"*

Donc je suis seule. Sur tous les niveaux. La vision proche d'Alexandrie est pas loin de celle du désert, question activité magique. Au temps de la grande Hatshepsout, des millions de gnomes messagers sillonnaient le ciel en tous sens. Faut dire qu'Alexandrie est nettement passé au deuxième plan, voire reléguée encore plus loin. Après Rome, après Prague, c'est Londres qui domine aujourd'hui.

Je détecte une activité magique sous le sable. C'est là. Je m'enfonce rapidement entre les grains de sable pour atteindre l'entrée d'un caveau. Mon essence est éparpillée entre les particules de roche qui m'entourent. Etre si près de la terre est très désagréable, mais j'ai vraiment la flemme de tout déblayer. Et cette mission doit finir vite.

Une fumée très fine se glisse sous la dalle. C'est remarquablement hermétique : aucun grain de sable ne s'y est infiltré, ou presque. Le temps que mon essence dispersée passe de l'autre coté, j'observe. Je suis dans la première salle. Je sens d'ici la pulsation de la pestilence qui se trouve dans la deuxième. Et une troisième salle abrite le livre. Avec le démembrement spiralé. Je repousse nonchalemment quelques sorts mineurs qui se jettent sur moi**A moi de jouer.

______________________
* qu'on trouve dans toute bibliothèque burrée de toile d'araignées, de recoins sombres et d'ouvrages qu'on a entreposés là parce qu'on ne savait pas où les mettre qui se respecte.

** avec un enthousiasme quelque peu entamé par les siècles d'enfermement : un nouveau né aveugle sourd et paralysé les aurait arrêté a temps.


(à suivre)

Après inspection de tous les recoins de la première salle, hisoire de ne rien oublier, j'élabore une protection contre la pestilence.* Vu la pulsation qu'elle dégage, elle est puissante mais pas très sophistiquée. Un dôme protecteur renforcé devrait suffire. En fait, les pestilence n'ont pas sur les djiins la même incidence que sur les humains. Les humains en meurent en deux temps trois mouvements, la chair se décollant des os. Pour nous, une pestilence abîme pas mal notre essence, mais les esprits de rang supérieur comme moi en réchappent presque à chaque fois.

N'empêche que si je pouvais éviter toute déterioration de mon essence, ça m'arangerait. Je pénètre donc dans la pièce. La pestilence se déclenche, je grimace** mais mon dôme résiste. Cette fois, je ne prends pas le temps d'explorer de fond en comble la salle; ma protection ne tiendra pas une éternité. Je traverse la salle en jetant, par acquis de conscience, des coups d'oeil à droite et à gauche et je m'arrête juste sous l'arcade de la troisième salle pour respirer un peu.

Ici, ni la pestilence, ni le démembrement spiralé ne m'atteignent. J'observe la troisième salle attentivement, histoire de savoir ce qui m'attends. Et ça ne me plaît pas du tout. Certes, le démembrement spiralé est assez facilement contournable pour une entité de ma stature. L'aura du livr crève les yeux, mais ça, je m'y attendait aussi. Non, ce qui m'inquiète beaucoup plus, c'est le socle du bouquin.

J'en ai mal à l'essence d'ici. De l'argent pur. C'est petit, c'est mesquin... mais ça suffirait à décourager la plupart des esprits. J'avoue que j'envisage instantanément le retour en arrière comme une échapatoire possible. Mais je ne peux pas y couper. Je dois ramener ce livre.

Une toute petite boule noire roule sur le sol. Une sphère parfaite. Le démembrement ne peut rien contre ça. La boule roule jusqu'à ce que le danger soit passé. Aïe aïe aïe, l'argent se rapproche... Je dois faire vite. Une fois le démembrement passé, c'est un genre d'oiseau de forme très étrange, avec une seule griffe à chaque serre,*** qui survole le piédéstal et s'empare du livre. Je repards rapidement vers la deuxième salle, le démembrement ne se déclenche de toute façon que dans un sens. Je refais un dôme et traverse à toute vitesse, l'argent a nettement amoindri mes possibilités.

Pas le temps de faire dans la délicatesse, je balance une détonation sur la porte du caveau et me gisse à l'air libre avec satisfaction. L'oiseau étrange se désagrèe : ma mission est finie.

________________________
* que mon esprit brillant a élaboré pendant les recherches

** façon de parler vu qu'un nuage de fumée aurait dumal à grimacer

*** vous remarquerez que cette tactique ingénieuse a pour but d'exposer le moins de surface possible au contact de l'argent.

======= > attaque (là, ça va mieux ?)